17 février 2011

L'avenir du riz: entre les mains des femmes? (2/2)


Mme Thuy tient entre ses mains les jeunes pousses de riz de 2-3 semaines qu'elle vient de ramasser.

Mi-février, la saison du repiquage est une période clé pour l'application de la nouvelle technique.  Les pousses de la récolte de printemps sont ramassées plus jeunes et repiquées sur une terre spécialement préparée.

Reportage dans les campagnes à 70km au sud-ouest de Hanoi: dans le villages de Dai Nghia, la méthode "SRI" est pratiquée depuis 2006. 

A Dai Nghia, Nguyen Thi Toan se sert de ses compétences en comptabilité pour démontrer l'efficacité du "SRI"
A 50 ans, Nguyen Thi Toan gère seule les terres de sa famille.  
Elle a une main dans les champs et chose rare pour une agricultrice, une autre en politique.    
Bras droit de l'officier de la commune de Dai Nghia, elle est la comptable de la coopérative et responsable de l'application de la nouvelle méthode auprès des 800 foyers agricoles de Dai Nghia. 

Selon ses chiffres, en moyenne les récoltes de riz à Dai Nghia seraient de 10 à 15% plus abondantes que dans les communes environnantes qui n'ont pas encore investi dans le "SRI".  

Plus surprenant encore, à en croire ses observations: 
"70 à 80% des personnes présentes aux séances de formation sont des femmes.  De nos jours, elles sont les plus concernées par les décisions agricoles, elle sont donc plus impliquées" explique Mme Toan, montrant les photos de groupes d'élèves... des promotions très féminines.    


Le livret s'intitule "L'histoire de Mme Hue", elle raconte les innovations d'une agricultrice en dépit des préjugés.

Le village voisin de Phuc Lam a reçu il y a quelques semaines sa première et solennelle introduction à la nouvelle méthode "SRI".  Dans une salle du Parti, sous le regard du buste en bronze de Hô Chi Minh, une quarantaine de personnes dont trente femmes écoutent la présentation.  Elles tiennent un fascicule sous forme de bande-dessinée qui raconte la détermination d'une "Mme Hue" pour faire accepter à son entourage qu'une femme aussi peut prendre des décisions opportunes en matière agricole, comme appliquer la nouvelle méthode. 

Le recours à la méthode "SRI" soulève la question de l'irrigation des champs.
Pourtant, peu après la réunion, l'agricultrice Vu Thi Trinh ne cache pas son désarroi:
"Dans mon village, le système de drainage n'est pas adapté.  Quant il pleut, la terre est inondée et le riz meurt.  Quand la terre est sèche, nous n'arrivons pas à accéder à l'eau.  Dans ce cas, comment pratiquer une irrigation acceptable?".
Cette femme de 50 ans cultive 7 sao de riz, et 3 sao de légumes, sans l'aide de son mari.  Lui travaille dans le bâtiment et se préoccupe peu de leur terre qu'il juge trop peu rentable.

Des saisonnières attendent d'être embauchées.
Sur le bord de la route, des groupes de femmes patientent avec l'espoir d'être recrutées pour une journée de repiquage.  Saisonnières originaires de la province de Hoa Binh elles sont prêtes à travailler pour 100,000 VND par jour.  Elles n'ont jamais entendu parler de la nouvelle méthode mais ne trouvent pas étonnant de se retrouver entre femmes:  "beaucoup d'hommes ne travaillent plus pendant la saison du repiquage".

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